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Le
Canal du Centre et ses ascenseurs, en Wallonie
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Le Canal du Centre est situé au cur du Hainaut, à
cheval sur les bassins de la Meuse et de l'Escaut. Le désenclavement
fluvial de cette province industrielle, mais dépourvue
de voies navigables naturelles, fut un travail de longue haleine,
commencé sous Napoléon et achevé pendant
la Première Guerre mondiale (voir l'historique).
Le Canal de Charleroi à Bruxelles relie la Sambre (affluent de
la Meuse) à Bruxelles (axe nord-sud), tandis que le Canal du Centre,
prolongé par les canaux de Mons à Condé et d'Antoing à Pommerul,
descend vers l'Escaut à l'ouest.
Cas unique dans le réseau VEV, ces canaux, réaménagés à deux reprises,
sont vivants à la fois pour le transport fluvial du 21e siècle
et en tant que patrimoine de l'humanité, reconnue depuis 1998
par l'UNESCO. Leur intérêt est indissociable de leur histoire.
Grâce
aux efforts des partenaires wallons, et sous l'impulsion d'une
association de bénévoles présidée par Jean-Pierre Gailliez, le
Canal du Centre avec ses quatre ascenseurs hydrauliques (1888-1917)
est devenu une des attractions touristiques majeures de la Région
Wallonne. L'intérêt de la visite est renforcé par le contraste
saisissant avec les ouvrages de franchissement à grand gabarit,
intégrés dans le "Parc Régional des Canaux" de la province de
Hainaut: le plan incliné de Ronquières, réalisé en 1968, et l'ascenseur
funiculaire géant de Strépy-Thieu, qui sera ouvert fin 2000/début
2001.
Sans
ce réseau de canaux et leurs ouvrages, offrant un condensé
remarquable de l'histoire des techniques hydrauliques, cette région
déshéritée, à très fort taux
de chômage, n'aurait pu espérer atteindre le rang
de destination touristique à part entière. Ce résultat
est bien atteint, et grâce à VEV le Canal du Centre
devient aussi une vitrine pour l'ensemble des canaux européens.
L'impact sur l'identité régionale et sur l'ensemble
des secteurs de l'économie régionale est considérable.
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Histoire
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La
première liaison établie est le Canal de Charleroi
à Bruxelles, dont Napoléon perçoit les
avantages lors d'une visite à Bruxelles. Les études
sont donc lancées en 1803, mais les travaux ne commencent
qu'en 1815, sous le régime hollandais. L'ingénieur
Jean-Baptiste Vifquain conçoit le canal pour un nouveau
type de bateau, le "baquet" de Charleroi, d'une capacité
de 70 tonnes. Le canal est ouvert en 1832. Il apparaît très
vite que sa capacité est totalement insuffisante, et
moins de 10 après l'inauguration, Vifquain est chargé
d'étudier l'élargissement du canal. Le gabarit
des péniches françaises est adopté (300
tonnes, 38 m par 5 m). Les travaux sont lancés en 1851,
mais le deuxième souterrain de Godarville n'est achevé
qu'en 1885. Les péniches de 300 tonnes n'arriveront pas
à Bruxelles avant la suppression de la dernière
écluse du gabarit des baquets, en 1936.
Du
côté de l'Escaut, le Canal de Mons à Condé,
commencé sous Napoléon, est terminé en
1818 après d'âpres négociations entre la
France et les Provinces Unies. Pour s'affranchir des péages
exigés par la douane française, le roi Willem
Ier décide la construction du Canal d'Antoing à
Pommerul, qui s'ouvre en 1826.
Un
des quatre ascenseurs hydrauliques du Canal du Centre
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Entre Mons et l'axe Charleroi-Bruxelles, il reste à réaliser
le maillon manquant de 20 km, mais avec une dénivelée
de plus de 70 m sur 7 km, jugée rédhibitoire pour
une échelle d'écluses classiques. On comprend
que les ingénieurs belges sont séduits par le
principe de l'ascenseur hydraulique mis en uvre par le
britannique Edwin Clark à Anderton, en 1875. Clark est
donc invité à concevoir un ouvrage similaire à
La Louvière. Les travaux sont confiés à
la société privée Cockerill et Seraing,
et le premier ascenseur à bateaux sur le continent européen
est inauguré en 1888. Il reste à en construire
trois autres ! Les difficultés budgétaires et
la Première Guerre mondiale retardent les travaux, et
ce n'est qu'en 1917, sous occupation allemande, que le Canal
du Centre est enfin ouvert aux péniches de 300 tonnes.
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