LA VIE DES CANAUX

Le canal de la Deûle à l'Escaut, futur partenaire ?


D.R

En attendant l'animation du canal dans l'agglomération roubaisienne, d'importants travaux de valorisation paysagère ont été réalisés par le Syndicat Mixte du Canal de Roubaix en collaboration avec les associations locales. Ici des plateformes de bois pour les pêcheurs.


Les travaux du réseau VEV sont suivis activement par les responsables du réseau TERRA Grootstad. Ils présentent ici le projet auquel ils participent, de réhabilitation du canal transfrontalier qui relie la Deûle en France à l'Escaut en Belgique. Ici, les préalables à toute animation de la voie d'eau sont la remise en navigation, la requalification des berges et un retour à une qualité d'eau conforme aux normes européennes.

Une liaison fluviale courte mais pleine de caractère, à cheval sur le Nord - Pas de Calais, la Wallonie et la Flandre, est sur le point de renaître. Abandonnée depuis 15 ans sur la plus grande partie du parcours, le canal historique de la Deûle à l'Escaut se décompose en trois parties distinctes : la Marque canalisée depuis la Deûle en aval de Lille jusqu'à Wasquehal (7,6 km et 2 écluses), le Canal de Roubaix proprement dit de la Marque à la frontière belge (12,4 km et 10 écluses), et le Canal de l'Espierres entre la frontière et l'Escaut en amont de Tournai (8 km et 3 écluses).
Les gestionnaires de cette voie d'eau sont VNF en Nord - Pas de Calais et le MET en Belgique, mais d'autres établissements locaux et régionaux compétents en matière d'eau et d'assainissement sont très fortement impliqués dans le projet. Ce sont eux en effet qui réalisent les équipements d'épuration indispensables au retour à une qualité d'eau convenable et pérenne.
L'Espierres, ruisseau qui draine une partie des eaux usées du nord-est de l'agglomération lilloise, s'écoule le long du canal jusqu'à l'Escaut. Il est devenu avec le développement urbain un véritable égoût à ciel ouvert. La reconstruction de la station d'épuration du Grimonpont devrait résoudre ce problème dès 2002. De leur coté, les Wallons construisent deux bassins d'eaux d'orage, de façon à éviter tout débordement des eaux polluées du ruisseau Espierre dans le canal. Il s'agira d'étangs maintenus en eau, intéressants sur le plan écologique, mais avec une capacité d'absorption suffisante en cas de crues. Leur conception et leur gestion permettront à de nombreuses espèces animales (avifaune) et végétales de s'approprier les lieux.
De l'autre côté, la Marque canalisée est restée en exploitation (5 péniches par semaine) sur quelques kilomètres, pour desservir une importante usine de production de levure à Marcq-en-Barœul. Ailleurs, elle est très envasée, comme l'ensemble des biefs du canal. Le volume de sédiments à curer, qui sont fortement pollués, est estimé à 220 000 m3. Un site de dépôt en bassins confinés devra être agréé par les services de l'environnement, pour accueillir ces boues. Pour faire fonctionner les écluses réhabilitées, il faudra plus d'eau. Le renforcement ou le remplacement de l'usine élévatoire du Canal de Roubaix, à côté de la citadelle Vauban à Lille, est donc projeté par VNF, ou encore le recyclage de l'eau par pompage à chaque écluse.
Il s'agit donc d'un projet à buts multiples, exemplaire de l'approche pluridisciplinaire qui devrait présider aux choix d'investissements et des modes d'exploitation de toute voie d'eau vivante.
L'investissement global est de 30 millions d'Euros (hors aménagements pour l'assainissement et les eaux usées), dont 80 % en France et 20 % en Belgique.